farafin'art Gallery

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Cubistes copieurs d'art nègre.

Cubistes copieurs d’art nègre.

   Tout débute dans les années 1900, quand la jeune génération de plasticiens européens manifesta un rejet du patrimoine artistique et une réfutation de l’enseignement académique qui était basé sur le classicisme et le principe des Beaux arts. En plus de Pablo Picasso et Georges Braque, il y avait Salvador Dali, André Breton, Albert Gleizes, Paul Klee, Juan Gris, Fernand Léger, André Masson, et beaucoup d’autres.

   C’est à partir de cette date que les artistes des pays occidentaux en quête d’une nouvelle esthétique trouvent leur résolution dans l’art des peuples indigènes, qu’ils considéraient comme des primitifs, des sauvages. Les objets d’art indigènes, dont l’art africain, l’art océanien des papous, l’art amérindien des aztèques… se trouvaient entassés dans les boutiques des antiquaires, des brocanteurs et autres marchands de bric-à-brac des métropoles.

   Cela signifie donc que l’an 1900 marque l’ascension de l’art africain sur la scène internationale. Ce qui s’ensuivit corrobore l’idée de l’apogée, la suprématie ou l’hégémonie inavouée de l’art africain dans le monde entier.

   Ce phénomène de mutation dans l’art des grands maîtres européens est vite devenu flagrant avec l’aventure cubiste ; et cela s’est poursuivi jusqu’à nos jours.

   Dans les pays occidentaux l’environnement social qui prévaut est la société de consommation, toujours confrontée à des crises périodiques avec des conséquences qui se répercutent sur les mentalités et les idées.

   Il est caractéristique dans l’évolution de l’Europe qu’un courant d’art remplace et contredise un autre. En 1900, après la période parisienne des artistes maudits commençait donc l’époque des renégats contre les influences bourgeoises et aristocratiques dans l’art officiel.

   Les cubistes furent des copieurs d’art nègre. En réalité ils n’ont jamais réussi leur dessein d’interpréter l’art des peuples indigènes, dont les objets africains. Dans cette entreprise ils ne sont arrivés qu’à casser les formes en les équarrissant comme l’avait déjà tenté Paul Cézanne. En fait, le cubisme procède par détruire l’image en disloquant ses formes, tandis que l’art nègre constitue la culture d’une tradition qui reconstruit des formes de synthèse.

   Casser les formes dans l’image est alors devenu leur méthode dénommée cubisme analytique, et qui consiste en une théorie farfelue sur les points de vues et la façon figurative de l’image. Dès son avènement, le cubisme a vite dérapé en se muant successivement après cette phase initiale analytique en cubisme synthétique et puis en cubisme orphique. Ces trois phases de son évolution sont identifiées comme des tentatives de désintégration de l’image et de la figure. Acte destructeur issu de l’itération résultant de l’entreprise désespérée et éperdue de synthétiser, condenser et intégrer la figuration comme le font si bien les arts premiers.

   Les cubistes cherchaient à réaliser le vieux rêve européen depuis l’avènement du culte de «l’art pour l’art » des parnassiens, et aussi les idéaux esthétiques des maniéristes italiens et des artistes de la Renaissance. Ils retrouvèrent dans l’art des peuples indigènes les objets de leurs recherches, à savoir : une esthétique de la figuration d’une liberté plastique triviale et d’une expressivité vive ; c’est-à-dire une méthode graphique et picturale d’une intensité expressive accomplie. A cet égard, ils ont surtout apprécié l’art des formes libres et abstraites des africains et des aztèques.

   Les esthètes et les théoriciens de l’art ont décelé beaucoup de traits communs de leur façon constructive de l’image avec les procédés de l’art africain. Cependant, la démarche cubiste consistant à disloquer l’image est à contre-courant du sens esthétique africain qui est constamment positif et qui procède de l’art d’assaut ; autrement dit, tout ce qui est négatif est exempt des cultures africaines à plus d’un titre et à tous les points de vues : ontologique, utilitaire, fonctionnel, etc.

   On attribue à Pablo Picasso, chantre du cubisme, beaucoup de déclarations qui nous renseignent sur son degré d’ignorance de la coordination des facteurs humains de la créativité :

   -Si, comme il disait, « le peintre n’est que celui qui aime les beaux tableaux et qui se met à peindre son rêve d’idéal… ».C’est ignorer l’art en tant que forme de la conscience sociale. C’est aussi réducteur de la fonction sociale de l’art, qui est en Afrique un rôle d’expression des valeurs de culture. Au contraire, l’art africain est généralement suscité par la conscience collective et l’imaginaire populaire. Tandis que l’esprit occidental considère l’art comme une fin en soi, et cherche à rendre réels ses rêves d’idéal, l’africain estime l’imagerie et la figuration comme un prétexte pour positiver le destin humain. A cet égard, l’art africain a le rôle d’inscrire le génie humain dans l’ordre naturel et l’harmonie du monde ; il s’agit de magnifier les choses et les phénomènes pour le bien être et le salut.

   -« Je ne cherche pas, je trouve » : démontre son habitude de plagier les rhétoriques développées par autrui. Pourtant, l’art ne se présente pas dans la réalité comme une solution des problématiques, mais en tant que réponse multiforme des éventualités, des contingences et des situations diverses. Il ne faut pas oublier le facteur imitatif qui est fondamental dans les résolutions et les propositions esthétiques.

   -Il disait à propos de l’origine du génie créatif : « l’initiative et le génie créatif proviennent des conjonctures désastreuses de l’existence des peuples ; c’est le fait de leurs conditions de vie pénibles et déficientes qui les conduit à l’ingéniosité et à la créativité ». Pourtant, en Afrique les grands principes créatifs sont généralement inspirés des observations naturalistes comme gualo mayira, sababuya, et des constatations animistes telles que nyama, dalilu, barika.

   -Lors d’une interview, c’est la question de savoir le rapport de son art avec l’art africain, qui fut très révélateur de leur imposture et de la malhonnêteté de leur forfait ; car il répondit : « l’art africain, connais pas ».

On met cette dissimulation de la parodie au compte de la psychose du climat raciste latent qui régnait encore à cette époque. C’est précisément le sentiment eurocentriste d’être imbu de la supériorité de la race blanche qui occasionne la honte et l’humiliation d’avoir plagié l’art nègre et celui d’autres peuples indigènes, généralement considérés comme des êtres inférieurs, an-historiques, dénués de civilisation. Leur hypocrisie est en réalité une lâcheté qui est d’autant plus méprisable si l’on sait qu’ils en ont tiré des profits monétaires à la faveur de l’inconscience générale de la supercherie. Ils furent malhonnêtes dans leur dénégation à rendre hommage à leur vraie source d’inspiration.

   -Les cubistes se sont heurtés à l’ésotérisme hermétique de l’art africain dont un aspect est le syncrétisme ‘’filanikafo’’, et qui obscurcissent l’approche des cultures africaines. En plus de cela, les modalités de l’acte créatif africain sont constituées en une sorte de ‘’process’’ rendant protocolaire la créativité alors diffuse dans des tournures canonisées traditionnellement sous forme de figures de styles établies depuis la nuit des temps. ?comment réussir l’intensité vive de l’expression plastique ; le discours poétique archaïque mais efficace, et la facture succincte avec un rendu positif.

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   Le cubisme procède d’une parodie, d’une tergiversation de l’art plastique des peuples dits primitifs parce qu’ils sont simplement différents et voient autrement les problématiques et les résolutions esthétiques et culturelles.

   Avec le recul, on comprend l’échec cuisant de leur aventure. Déjà, leur propos théorique de départ qui était inspiré des travaux de Paul Cézanne consistait à : « traduire la réalité par une image composite faite de masses et de volumes géométriques abstraites ; de corps épurés, avec des formes aseptisées, dans une expression constituée de cônes, cercles, cubes cylindres, prismes pyramidales, sphères, etc. Du reste, cette proposition première était absurde, avec comme fil conducteur la nature morte des fruits tels que la pomme, la poire…associés aux assiettes, aux pots,aux gobelets de céramique ou de cristal ; et aussi l’interprétation paysagiste à caractère naturaliste et impressionniste. Leur préoccupation première n’était pas de reproduire fidèlement le style d’art des peuples dits primitifs, mais d’en emprunter des ressources techniques et des procédures.

   Ce à quoi ils ont failli et qu’ils ne connaissaient pas s’appelle en matière d’analyse théorique de l’art africain : «  la loi d’abstraction des formes du contour des figures, et aussi de la synthèse de l’image figurée ». Autrement dit, l’art africain fabrique des archétypes en établissant des rapports de correspondances et des combinaisons matiéristes syncrétistes, par l’introduction d’éléments hétéroclites évocateurs de poétiques mystiques et de symboliques fétichistes.

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   Les figures de styles d’art nègre semblent être réfractaires au sacrilège et à la profanation des métèques. Cela s’explique pour le cas du novice non averti qui est trompé par leur apparence aseptisée et hiératique semblant aisé à interpréter. Tous ceux qui se hasardent dans cette voie rencontrent le dépit et la frustration de l’échec.

   En fait, les protocoles et les modes opératoires de la façon de fabriquer les objets d’art africain exigent des notions supplémentaires et des aptitudes particulières pour na pas disloquer la figuration, ou bien casser l’image qui risque de paraître analytique comme une mosaïque.

   Voici des exemples qui évoquent de tels inconvénients qui sont en fait des erreurs d’appréciation :

   -C’est faux d’attribuer le collage et le grattage aux cubistes, car ces procédés sont prépondérants dans les arts premiers. Les procédés de scarification, gravure, tressage, incrustations hétéroclites, matiérisme…sont des rhétoriques syncrétistes relatifs à l’art brut des peuples indigènes. Ce sont des moyens d’expressions symbolistes en base à l’animisme et la force vitale ; ils représentent des symboles de vie et des symboles de forces dans les objets d’art africain.

   -Le hiératisme constatable dans les objets africains provient d’un usage différent du nombre d’or (ou section d’or) par les africains, à cause de leur option de l’équilibre, la symétrie, le parallélisme et la statique, comme préalables de la composition. Partant de là, le mouvement et le rythme sont atteints par l’introduction de facteurs de déséquilibre ou de déstabilisation

   -La loi d’abstraction et de synthèse…sert à la stylisation, c’est-à-dire à la création des idéogrammes, qui sont à l’instar des hiéroglyphes constitués d’images stéréométriques, en plus des concepts d’idées exprimées, facilement accessibles à la vue et à l’esprit. Elle est à l’origine des différentes figures de styles expérimentées et établies dans l’iconographie africaine à titre de modèles de références, depuis la nuit des temps.

   -Tout cela est conforme à l’art d’assaut des africains, soit la possibilité d’élaborer l’oeuvre en un temps record, voire l’alternative d’exécuter le travail à l’inverse, en commençant par la fin du mode opératoire ; bref, réaliser l’œuvre en une seule session, soit à la prima.

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   Enfin, il faut savoir que les vrais génies du mouvement cubiste furent le poète français Guillaume Apollinaire pour la conceptualisation théorique des idées, et le marchand de tableaux allemand Daniel Henry Kahnweiler pour la promotion mercantile des productions. Ces deux complices avaient expressément mis ensemble leur supercherie afin de saper le cours des évènements artistiques et culturelles de l’Europe alors empêtrée dans les vieilles traditions bourgeoises et aristocratiques.

   Après les cubistes, les impostures et les pillages se succédèrent en se manifestant chaque fois par l’apparition de nouveaux courants d’art occidental. C’est ainsi que les crises à répétition dans l’art occidental sont toujours résolues en sursis par des actes de pillages multiformes et très systématiques. Il y a beaucoup de grands maîtres européens et américains qui ne sont en réalité que des usurpateurs de titres et de notoriétés immérités ; de sorte que toute l’histoire de l’art occidental est truffée de mensonges, complots et bluffs, qui ne sont pas encore clairement élucidés./.

 



15/10/2010
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