fabuleux destin de Sunjata Kéïta.
Fabuleux destin de Sunjata Kéïta.
(Critique 3 versions Sunjata).
1-Intro :
Voici réunies les analyses critiques des compositions en hommage au héros légendaire Sunjata kèyita. Cette présentation est successivement constituée des titres :
-analyse critique du tableau ‘’mari jata’’,
-analyse critique du tableau ‘’makan sunjata-1’’,
-analyse critique du tableau ‘’makan sunjata-2’’,
-article ‘’fabuleux destin de Sunjata Kéïta’’.
Dans l’histoire de l’humanité il y a certes eu beaucoup de héros et beaucoup de titans, mais personne n’a été aussi fort et magnifique tel que makan sôn jata kèyita, car il est parti du destin social le plus bas de handicapé perclus des jambes, pour arriver au plus haut sommet d’empereur.
Sa légende est d’autant plus fabuleuse que c’est à la suite des ‘’kun ma suulu’’ (humiliations) que ce preux mandingue réalisa ‘’kun kô rô ta’’ (vengeance). Aucun herculéen n’a encore réalisé la geste de Sunjata dont le symbole le plus évocateur est récité dans la poétique du ‘’sira bulu’’ et celle du ‘’sinsin bere’’ ou bien ‘’sunsun bere’’.
Ce guerrier héroïque est à l’origine de ‘’kulu-kan-fuka’’, manifeste panafricaniste dont les rémanences pragmatistes perdurent jusqu’à nos jours, avec la constitution d’une confédération qui a jeté les bases d’une civilisation qui demeure encore vivace dans les terroirs africains, et dont les traces indélébiles sont leur rayonnement culturel dans le concert des nations du monde.
2-Analyse explicative des tableaux :
En référence à une épigraphie concernant :
-Pop. : « yeko ye fôko ban, nga lankali bè dô fara ye nyèla kan ».
-Pop. : « yeko de ye fôko ye ».
-Pop. : « filèli, yeli, ye nyèla, nyèla ye ».
-mari jata : huile/toile, format 40x30 cm, 2006.
-makan sunjata-1 : huile/toile, format 70x50 cm, 2007.
-makan sunjata-2 : huile/toile, format 92x73 cm, 2010.
-a) mari jata :
Huile sur toile cretonne, 40x30cm, 20-01-2006. En malinké le lion du Mali, est Sunjata (1230-1255), héros mythique et légendaire des mandingues Kéïta (signifiant hériter). Fondateur de l'empire du Mali. Figuration allégorique de la bravoure et de la prouesse de la personne en acte. Performance du passage de l'état d'handicapé perclus des jambes à celui de la station débout. Métaphore de la force, le geste juste, l'effort parfait et de la volonté de pouvoir.
-b) makan sunjata-1 :
Makan Sunjata (1190-1255) :
Huile sur toile cretonne, 70x50cm, 20-01-2007.
Figurine d'homme arc-bouté sur un pieu, en acte de performance. La mise en scène est à l’instar d’une installation à titre d'autel kulu-kan-fuga, par l'association de la légende et des symboles de la geste du récit épique de mari jata, le lion du Mali. Différents accessoires sont proposés d’après une conception design : le gris-gris de bras bagan, le bracelet de poignet, la boucle d'oreille, le baobab, le lion jata. Adoption des coloris du drapeau malien vert jaune rouge pour évoquer le fondateur de l'empire du Mali. Il est le symbole du héros perclus des deux jambes, mais qui obtint la gloire d'être grand chasseur ‘’simbo’’ et maître de combat ‘’kèlè mansa’’. En dépassant progressivement ses propres limites, il est arrivé en 1235 à s'imposer, dans l'issue de la bataille de kirina, au roi numu (en bamanan caste des forgerons) du Sosso (dans l’actuel Banamba). Sumaoro Kanté (1203-1235) qui fut mis en déroute, était terrible tant par son pouvoir sorcier, que par son règne despotique, son autorité tyrannique, et surtout son vêtement fait de peau humaine. Makan Sokolon Jata Konaté, alias ‘’mari jata’’ est l’ancêtre des kèyita ; il fut le souverain mandingue qui fonda l’empire du Mali. C’est lui qui initia des facteurs de cultures et des marques de civilisation dans la presque totalité de l'Afrique de l'ouest.
Ce tableau est un assemblage de figurines dans l'esprit du kulu-kan-fuga. Il propose une composition virtuelle d’ensemble, et une conception design de la façon de l’objet fétiche.3 axes verticaux sont combinés avec 3 bandes horizontales coloriées. La médiatrice verticale est une structure composée de jambes, cuisses, mains et bras ; avec comme centre la tête frontale et baissée. Le personnage ainsi rendu par le style de la statuaire africaine constitue une image numismatique de celui qui fut à l'origine de la confrérie des donso. Les lignes en forme de L, X, Z, E, sont mis en jeu dans la structure ; cela crée forcément un rythme dynamique dans l'espace tridimensionnel et la perspective virtuelle créés. Graphisme avec rythme en entrelacs, en puzzle, à l'instar des lutteurs, soit deux ou plusieurs corps à corps, soit un corps en lutte acharnée.
NB-Ce tableau a été remis par équivoque au Président de la République du Mali, Ahmadou Toumani Touré, lors de son passage du 15-03-2007 à Bougouni, avec pour objet : « transmettre l’œuvre à la Nation malienne ».
Par ce moyen, l’artiste cherchait à se faire médiatiser afin de contribuer à sa propre promotion. Mais de tierces personnes avaient délibérément enlevé la lettre qui accompagnait le tableau. Le peuple malien n’en a rien vu, et toute trace du tableau est perdue. Par la suite, l’artiste a demandé s’il pouvait recevoir au moins une lettre de remerciement ou bien une autre marque de reconnaissance de ‘’Kuluba’’, afin de se faire valoir avec cela ; mais là non plus, personne n’a daigné répondre.
Telle est la raison de la recomposition de makan sunjata-2.
-c) makan sunjata-2 :
Met en scène une perspective niangaran, ce qui en bamanan indique la monumentalité, le gigantisme et la grandeur. Tel est le style qui exalte mieux l’univers de titan héroïque dont il est question.
La figuration est celle d’un bonhomme arc-bouté sur un bâton pour se mettre débout et marcher.
La performance débute avec ‘’sinsin nan’’, c’est-à-dire ‘’sunsun bere’’, qui est la symbolique du sceptre en insigne de pouvoir. Le bois de l’arbre sunsun étant réputé résistant, cela rappelle les sens paraboliques ‘’kolo ni fasa, ani fanga fin’’ signifiant alors : la détermination du barika, la volonté extraordinaire soit l’âpreté de la force par laquelle sunjata à vaincu son destin d’invalide perclus des jambes. Et puis sa geste se poursuit par le déracinement d’un pied de baobab ‘’zira ju’’ qu’il a planté auprès de la case maternelle. Tout cela constitue des actions d’éclats et des hauts faits qui prouvent du courage et de la bravoure.
La présentation frontale conduit à l’adoption du raccourci réduisant le personnage à une icône de figure d’homme dont la structure est quasiment restreinte à une tête, deux bras, deux pieds.
Le vêtement ‘’kôbila-nyèbila’’ dont les tissus pendent sur l’épaule et les bras sert à équilibrer la répartition du corps et des masses d’ensemble de part et d’autre de la médiane du bâton tenu vertical ; et sur lequel s’agrippent les mains, tandis que les pieds s’appuient à côté sur le sol.
Les deux figurines, à savoir le lion ‘’jata’’ et ‘’zira’’ le baobab sont des conceptions design d’accessoires purement décoratifs qui sont mis à contribution ici pour équilibrer la mise en scène. L’une féminine et l’autre masculine, peuvent être aisément interprétées du point de vue artisanal.
3-Le fabuleux destin de Sunjata Kéïta :
Il y a une histoire obscure de sorcellerie ésotérique ‘’suya, nyèguan’’, à la base du récit de l’épopée mandingue.
Le titre héroïque de ‘’simbo’’ est la marque d’excellence des ‘’donso’’, chasseurs guerriers, qui constituent une confrérie autour des secrets du ‘’ntanan’’, qui représente d’ailleurs un fétiche mortel.
Le buffle du Doh désigne le domaine mystérieux des oracles et la thaumaturgie qui ont prophétisé la naissance de l’enfant prodige Makan kèyèta baka sokolon jata Konaté.
‘’Sèkè’’, en bamanan l’épervier, est l’oiseau qui frappe sa proie dans le vol plané comme l’éclair. Ainsi était le pouvoir thaumaturgique du roi sorcier Sumaoro Kanté, dont le totem ‘’tana’’ était l’ergot du coq blanc. A force d’être puissant, il était devenu un roi tyrannique et despote. C’est lui qui intitula le premier griot ‘’kouyaté’’ de l’histoire. Il fut l’auteur de la célèbre citation malinké : « ni i ye i ka wulu juku faka ko a ka farin, môkô wèrè ta wulu farin ba na tô i kin » (Si tu abas ton chien méchant parce qu’il est féroce, le méchant chien d’autrui te mordra ».
Voici en suite le récit rendu bref :
L’histoire du Manden raconte que le roi de Kri, capitale Dakadyalan, Naré Makan Konaté, alias Kenyi (le beau) épousa Sokolon Kondé, alias Kèju, kuduma (laide, bossue), parce que les devins lui avaient prédit qu’elle engendrerait le plus grand homme que la terre du Manden ait jamais porté.
Sokolon Kondé était laide, repoussante ; elle portait une énorme bosse sur le dos. On disait qu’elle était le double du buffle solitaire ‘’siki dan kelen’’ de Do, c’est-à-dire une autre métamorphose de Kamisa Do, princesse sorcière du Do (contée située entre Koulikoro et Ségou) ; qui avait le pouvoir de se métamorphoser en buffle, forme sous laquelle elle semait la terreur dans la région.
Sunjata, l’enfant prédit, ne daigna pourtant marcher qu’après dix ans. Le roi n’eût pas l’opportunité d’assister à l’accomplissement de son destin. Son invalidité lui sauva la vie quand Sumaoro Kanté, roi entre 1203-1235 de Sosso, dans l’actuel Banamba, envahit le Manden et le soumit à d’incessantes exactions et razzias.
‘’Zira bulu’’ est la référence poétique à la poignée de feuilles de baobab pour faire la sauce de to (pâte de mil) que sa mère quémanda à sa co-épouse Sasuma Berete qui lui refusa en rétorquant par des paroles méchantes et blessantes. Cet affront qui fit pleurer sa mère fut le déclencheur de la geste de Sunjata.
D’après la tradition, désireux surtout de secourir son pays, il fit mander alors le forgeron de son père lui fabriquer une barre de fer de six coudées. Cette barre ploya sous le poids de son corps. On lui suggéra ensuite ‘’sunsun bere’’. C’est ainsi qu’en s’appuyant sur le sceptre en insigne du pouvoir de son père, il pu se mettre sur pied.
Par la suite, la mère aussi rendit l’âme avant que ne s’accomplît le destin de son fils. Elle savait qu’elle était son anti-destin. Venue au monde pour engendrer Sunjata, elle devait le quitter pour permettre à son destin de s’accomplir.
Aucune arme ne pouvait anéantir le roi sorcier Sumaoro Kanté ; seul l’ergot de coq blanc, accroché à un arc, s’il l’atteignait pouvait le tuer. C’était là son secret et dans un moment d’égarement, il le révéla à Nana Triban son épouse qui, dès qu’elle l’apprit, s’enfuit pour aller le livrer à son frère Sunjata. La trahison légendaire de Nana Triban permit ainsi la victoire des malinkés sur les gens du Sosso ; c’était à la bataille de Kirina en 1235.
Après la défaite de Sumaoro, ‘’bèe mara mansa’’ est le titre d’empereur que Sunjata (1235-1255) reçut ; ce qui lui permit d’unifier le Manden et de l’agrandir dans le cadre de l’empire du Mali. /.
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