Les évènements de l'art africain.
Les évènements de l’art africain.
‘’Restituer l’Afrique’’.
Sommaire : 1-Intro.
2-Violation des cérémonials africains.
3-Absence d’un traité de l’art africain.
4-Manque d’une critique et d’une histoire de l’art africain.
5-Restituer l’Afrique.
1-Intro. :
En référence à une épigraphie à propos de :
-Pop. : « porobakani, musalaka, filanikafo, komayèlèma ».
Les africains disposent d’un patrimoine culturel qui les préserve des inquiétudes, des angoisses, du chaos, des fléaux, de la catastrophe. C’est cela qui a constitué leur force et leur chance au moment de franchir les périodes difficiles de l’histoire. Aujourd’hui encore cela constitue le rempart protecteur des peuples vis-à-vis de la faillite et du micmac des Etats modernes africains.
A la veille du IIIè Millénaire, ce que Joseph Ki Zerbo a signalé demeure pertinent et imminent ; à savoir : « En dehors de la culture, il n’y a point de salut pour l’Afrique ». Il n’est pas seulement question de cibler l’éducation de l’homme nouveau, mais aussi d’être capable de restituer l’Afrique. Cela consistera toujours à perpétuer les valeurs consacrées ; bref, à réaliser la renaissance africaine.
2-Violation des cérémonials africains :
Les africains font un mauvais usage du ‘’fasiya’’, c’est-à-dire, en bamanan l’héritage que nous ont légué les ancêtres ; autrement dit l’ensemble des ressources et des valeurs de nos civilisations.
De nos jours, les festivals et les cérémonies célébrées au nom de l’Afrique sont des tergiversations fantoches. Ce sont des mascarades financées pour faire la fête dans le sens folklorique du terme, afin d’amuser la galerie.
En principe, il s’agit de mettre en avant la distraction servant à ambiancer systématiquement les évènements, et à divertir pour égarer l’attention, ou bien faire oublier. Pendant ce temps, se trame au fond le vrai complot consistant à saquer les ressources financières, à gaspiller et à dilapider les fonds publics pour ramasser plus tard les retombées en terme de recettes touristiques ou en forme de blanchiment, soit par extraversion du financement vers les collatéraux.
Au préalable, les organisateurs auront tout fait pour concocter le financement afin qu’au bout de la chaîne les bureaucrates véreux, les acolytes et les sous-fifres récoltent les pots-de-vin, les dessous de tables, les commissions, les marchés de gré à gré et les surfacturations.
Les intellectuels et les présidents africains sont les premiers à mépriser et à préjudicier les cultures africaines. Après avoir failli aux idéaux et aux attentes de nos peuples à la veille du ‘’soleil des indépendances’’, ils ont entamé la période du sapement des valeurs cardinales du patrimoine traditionnel.
Lors de l’accueil des personnalités étrangères par les présidents ou par les ministres africains, les aéroports deviennent le théâtre des manifestations folkloriques à titre d’apparat pour donner de l’importance à leurs actes politiques. Cela constitue un sacrilège et une profanation de l’esprit et de la mémoire des ancêtres africains. En profitant de la vénalité de certains ensembles folkloriques musicaux, ils les conditionnent en les soudoyant à prix d’argent, pour ensuite s’assurer de leur complicité dans cette déviation de l’art ancestral.
Cette mascarade est un processus d’extraversion opportuniste des pratiques culturelles africaines qu’il faut désigner par les vocables bamanan : « porobakani, musalaka, komayèlèma, filanikafo, yèrèmayira ». Ce sont des agissements syncrétistes organisées systématiquement et de façon ‘’orchestrée’’ par les institutions des Etats modernes africains afin de simuler le faste et de la couleur exotique aux protocoles des accueils présidentiels et ministériels. Ils se servent de cela pour rappeler à leurs visiteurs le vieux bon temps colonial.
D’ailleurs, cet opportunisme dévoile un excentrisme exhibitionniste des chefs d’Etats africains qui paraissent enclins à ces actes démonstratifs en terme d’insignes de pouvoir.
3-Absence d’un traité de l’art africain :
Il fut un moment, la rumeur de la mort de l’art africain parcourait le monde entier. En réalité, il s’agit de la stagnation et la léthargie dans la reprise des activités culturelles et artistiques à la suite de l’ère post-coloniale. C’est aussi le manque de culture et d’information des acteurs culturels au sujet de l’art. Plus précisément, c’est l’ignorance des contours de l’art africain qui limite les initiatives créatrices des biens culturels et des productions artistiques dans les sociétés africaines actuelles.
Pourtant, Joseph Ki Zerbo a signalé le créneau porteur que constituent les richesses culturelles africaines.
Cela peut paraître invraisemblable, mais il n’y a pas de traité de l’art africain. Paradoxalement, aucun document théorique en la matière n’a encore été produit. Les nombreuses parutions qui existent sont des brochures exotiques servant de vade-mecum pour les touristes et les marchands d’art ; des ouvrages descriptifs et superficiels au sujet de l’apparence morphologique des objets de l’art traditionnel africain : objets de cérémonies ou du quotidien, parures ou insignes de pouvoir. Ce sont généralement des productions des expatriés occidentaux, très souvent des spécialistes en ethnologie, en sociologie ou en anthropologie.
Donc, il n’y a pas de manuel didactique des processus créatifs relatifs à l’art africain. Dans cette situation, il ne faut surtout pas confondre l’artisan qui est plutôt mécaniciste et traditionaliste avec l’artiste créateur, qui est avant tout un esthète témoin de son temps. Bref, il y a la difficulté d’expliciter, ou même d’enseigner comme il faut l’art africain à l’école.
4-Manque de critique et d’histoire de l’art africain :
La gageure à réaliser afin de dresser une histoire de l’art africain consiste à se résoudre à accepter de traiter les sources orales existantes qui offrent des récits mythologiques susceptibles de rechigner à cause de leur apparence épique et aussi leur caractère irrationnel. Il s’agira donc de faire avec ça, et même d’adapter le résultat obtenu afin d’être compréhensible à l’idiosyncrasie africaine, sans chercher à calquer sur les exemples ‘’tubabu’’ en la matière.
Non seulement il n’y a pas de traité de l’art africain, mais non plus il n’y a ni une critique ni une histoire de l’art africain.
A chaque compétition artistique partout en Afrique, le jury est dominé parles esthètes occidentaux. Cela exacerbe l’extraversion et la dénaturation des propositions de l’art authentique africain. L’absence de critères précis et des conventions établies donne l’occasion à l’arbitraire, la tricherie, la fraude et la corruption dans l’appréciation des œuvres à leurs justes valeurs.
5-Restituer l’Afrique :
Personne n’a pu réussir au monde un ministère de la culture, à part André Malraux et Jack Lang.
En Afrique, ce secteur qui représente un dépotoir pour la fonction publique, est celui qui organise les évènements de l’art africain. C’est alors que l’on assiste à toutes les sortes d’inepties et de gâchis dans l’administration de la chose publique.
Au lieu de perpétuer les valeurs consacrées de l’Afrique à travers les festivals, les colloques et les marchés de l’art, les manifestations qui se déroulent consistent à des amalgames de projets inconséquents qui ternissent l’éclat de la culture africaine dans l’histoire et dans le monde.
Au Sénégal, le festival mondial des arts nègres est un leurre qui n’ pas bougé d’un pas depuis sa création. En 2010, c’est la répétition du même type d’exposition façon occidentale faite des objets de l’art traditionnel africain en
Au Sénégal, le Dak’art représente le creuset de toutes les extraversions et tous les mimétismes de l’art contemporain africain. En imposant ses critères sophistiqués de sélection des candidats, cet évènement a délaissé les créateurs authentiquement africains dont la plupart est analphabète et incapable de constituer le type de dossier rigoureux exigé. La manifestation se déroule sans que l’africain commun sache de quoi il s’agit. Son financement et son jury sont influencés par les ‘’tubabu’’. Il suffit de faire un feedback des différentes œuvres primées pour voir en clair le mimétisme latent auquel les artistes sont astreints psychologiquement, à travers un paradigme exhortant les africains à calquer les créations occidentales.
Au Mali, la biennale des arts et de la culture se passe dans l’absence de critique d’art. Voilà un évènement national aussi vieux que l’indépendance du Mali, mais qui est dénué de critères de sélection des candidats, et qui est aussi exempt de critères d’appréciation des œuvres produites. Il y a plus de 20 ans que ses responsables provoquent des rencontres au sujet de ce problème toujours insoluble.
A Bamako, aucun évènement de l’art africain ne peut réussir à cause des tricheries et des fraudes de toutes les sortes. Là, on a vu des fonctionnaires transmuter au gré des occasions et des intérêts en jeu pour devenir tantôt artiste professionnel, tantôt travailleur de la fonction publique. Là-bas aussi le jury se constitue par copinage entre les artistes affiliés aux bureaucrates corrompus ; c’est ainsi que certains artistes jugent les œuvres d’autres artistes, c’est-à-dire, leurs compères.
A Bamako encore, les jurés sont passés maîtres du népotisme et de la corruption. Il suffit d’identifier les différents lauréats pour comprendre les fléaux qui ont pris l’art malien en otage. Les bourses d’études et les invitations des artistes pour les évènements à l’étranger sont détournées dans la corruption. Il suffit d’identifier les artistes qui détiennent le curriculum vitæ truffé des voyages dans les grands pays étrangers pour les reconnaître. Ce sont de tels artistes qui mettent leurs CV en avant comme indicateur de qualité ; aussi, ce sont eux qui ternissent l’image de l’art malien à l’étranger à cause de leurs carences d’office. Les expatriés arrivant au Mali ne peuvent jamais découvrir les vrais créateurs maliens à cause de leur systématisation des bluffs et du mensonge au niveau des diverses institutions de l’Etat.
En Afrique du sud, silence complet, même si les centres d’art y sont pléthoriques. La reprise des activités artistiques et culturelles à la suite des époques aigues de l’apartheid et des affrontements meurtriers est toujours au ralenti. Les artistes ‘’black’’ ont fait le mauvais choix de l’art engagé qui a finalement pris le pas sur les racines noires désormais décimées.
Au Bénin, le festival Ewolé ne se fait plus annoncer depuis l’engouement de sa création. Cela signifie peut-être une suspension de ses activités. Certains de ses responsables faisaient copains avec les fonctionnaires corrompus du secteur artistique du Mali. Leur sens aigu de l’opportunisme et du favoritisme est un mauvais augure pour le développement de leur art à forte consonance animiste.
Au Burkina faso et en R. de Côte d’Ivoire : SIAO et MASA sont pareils dans leur inaccessibilité pour le commun des artistes africains. La cherté des stands d’exposition et l’intendance onéreuse placent ces évènements au-delà de la portée des artistes autochtones africains. C’est pourquoi ces contextes privilégient le design et l’artisanat ; mais en réalité, ces types d’évènements ne sont créés par les Etats concernés que pour drainer des financements et attirer le tourisme. Il faut ajouter à ces arguments stratégiques de leur création, des raisons d’ordres hégémoniques ou suprématistes, pour plus de représentativité vis-à-vis des pays voisins, et même face au reste du monde./.
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